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Coronavirus: les masques chinois font de l’ombre aux Belges.

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Les producteurs belges de masques chirurgicaux pourraient en vendre (encore) plus s’il n’y avait pas cette concurrence venue de l’étranger, et principalement de Chine.

Publié le 06.03.2021

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Table des matières

1.

Les nouveaux masques virucides

2.

«À Jolimont, on achète belge»

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Jean Kalyvas

Chief Information and Marketing Officer

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Les producteurs belges de masques chirurgicaux pourraient en vendre (encore) plus s’il n’y avait pas cette concurrence venue de l’étranger, et principalement de Chine. Le patron de la société Altifort Boart à Nivelles dénonce ce qu’il appelle une « concurrence déloyale » avec des produits, souvent, « de moindre qualité ».

Il y a près d’un an, c’était le branle-bas de combat en Belgique. Les médecins et les hôpitaux couraient derrière des masques chirurgicaux qui étaient en pénurie. Pire, on avait appris que la ministre De Block en avait fait détruire un grand stock. Il avait d’abord fallu parer au plus pressé, en achetant parfois des masques ne répondant pas vraiment aux normes de l’Union européenne.

"Déçu car nous pourrions produire deux fois plus de masques, si nous étions soutenus par le gouvernement fédéral"

Bart Gruyaert, CEO de Altinfort Boart

Depuis, la donne a bien changé. Le gouvernement a fait appel à la bonne volonté de chefs d’entreprise qui se sont vite lancés dans la confection de masques « made in Belgium ». En Wallonie, c’est le cas d’Altinfort Boart à Nivelles et de Deltrian à Fleurus. La première était spécialisée dans la conception, la production et la commercialisation d’outils super – abrasifs de haute précision. Son patron est flamand, il s’appelle Bart Gruyaert et il est un peu « déçu ». « Déçu car nous pourrions produire deux fois plus de masques, si nous étions soutenus par le gouvernement fédéral », lâche-t-il au retour d’un voyage professionnel à Lille. « On produit deux millions de masques chirurgicaux par mois. Au lieu des 4 millions prévus initialement. Nous ne tournons que sur une machine avec deux équipes de 5 travailleurs ».

"Il y a encore trop de masques chinois sur le marché belge. Et la concurrence est souvent déloyale"

Bart Gruyaert, CEO de Altinfort Boart

La société a donc embauché 10 personnes au lieu des 20 prévus. « Il y a encore trop de masques chinois sur le marché belge. Et la concurrence est souvent déloyale ». « Déloyale ? », lui demande-t-on. « Vous voulez un exemple ? Les producteurs belges sont obligés de mettre la notice dans les trois langues. Souvent, pour les masques chinois, c’est uniquement en anglais voire seulement en français. Les gens privilégient souvent le prix. Ils préfèrent payer 50 % moins cher… même si la qualité de ces masques n’atteint que 70% alors que, pour les Belges, c’est plus de 98% ». Il parle de l’EFB, l’efficacité de filtration bactérienne de ces masques. Bart Gruyaert concède que tous les masques chinois ne sont pas de piètre qualité. « Ceux qui ont la même qualité que les nôtres se vendent d’ailleurs plus ou moins au même prix. Ce que nous demandons au gouvernement, c’est d’être plus vigilant et de faire respecter les normes. L’heure n’est plus aujourd’hui à la pénurie, bien au contraire ».

Un avis plus ou moins partagé par Jean Kalyvas, le directeur marketing et communication chez Deltrian. « Nous pourrions produire 100 millions de masques par an, on est entre 1,5 et 1,7 million par semaine », précise-t-il. « C’est vrai que cela fait mal quand on perd un marché parfois pour une différence d’1 centime par masque mais la législation régit les appels d’offres ».

Les nouveaux masques virucides arrivent !

Pour survivre et continuer à progresser, les sociétés belges doivent innover. Cette notion est bien comprise par les gestionnaires de la société Deltrian à Fleurus où 20 emplois ont été créés depuis qu’ils se sont lancés dans la fabrication des masques chirurgicaux. « Nous sommes conscients de la concurrence et c’est pour cette raison que nous misons beaucoup sur la recherche et le développement », explique Jean Kalyvas, le directeur marketing et communication de la société. Deltrian s’est associée avec une spin-off belgo-luxembourgeoise qui s’appelle Molecular Plasma Group. Elle a développé un revêtement microscopique rendant inactives les particules virales qui se déposent sur les masques buccaux. Cela permettra de diminuer les risques de se contaminer lors de la manipulation de ces masques.

« Cette couche de protection a été mise au point à base d’acide citrique que nous retrouvons déjà dans l’alimentation, les cosmétiques ou les mouchoirs en papier. Elle est totalement inoffensive pour le porteur », indique-t-on chez MPG. « La machine produisant cette couche est arrivée la semaine dernière. Nous la testons actuellement et, la semaine prochaine, nous commencerons les tests de production de masques », nous apprend Jean Kalyvas. « Nous avons une petite exclusivité pour les produire plus tôt que les autres », se réjouit-il. Une conférence de presse est prévue pour le 18 mars. Le coût supplémentaire de ces masques encore plus sûrs serait minime.

«À Jolimont, on achète belge»

« Certains hôpitaux préféreraient acheter des masques chinois de moindre qualité que des Belges », dénonce le patron d’Altifort Boart. « Depuis que des producteurs belges en font, je peux vous affirmer que ce n’est pas notre cas », lâche Bruno Lefébure, le directeur financier du groupe Jolimont. « Nous avons été en contact avec la société de ce monsieur mais notre choix s’était finalement porté sur la firme Brumed qui est flamande. Le rapport d’analyse de Sentex Belgique a garanti une efficacité de filtrati on bactérienne de plus de 99 %. Vous savez, un centime par masque, cela peut paraître peu mais quand vous commandez entre 100.000 et 200.000 masques par semaine, cela peut vite chiffrer ».

Là, nous apprend le directeur financier, il vient de recevoir une commande de 576.000 masques de chez Deltrian à Fleurus. « Soit 24 palettes de 24.000 masques. C’est de la top qualité car c’est ce que nous voulons pour notre personnel et pour les patients ». Ces masques seront envoyés dans les six hôpitaux que compte le groupe Jolimont. « Je parle des simples masques chirurgicaux normaux, pas des FFP2. Au début de l’épidémie, on a dû parer au plus pressé. Il n’y avait plus de masques belges et on a, parfois, dû détruire des stocks de matériel de qualité moindre ».

 

"Notre conseil d’administration nous a bien fait comprendre qu’il fallait acheter du Belge, même s’il était plus cher"

Bruno Lefébure, Directeur Financier du groupe Jolimont

Il l’avoue : « Notre conseil d’administration nous a bien fait comprendre qu’il fallait acheter du Belge, même s’il était plus cher. Je sais que c’est contraire au respect des marchés publics mais je le prends sur moi. Avec nos juristes, on planche sur une parade qui a trait à une garantie d’approvisionnement et de stockage de crise fournie par la société chez qui nous avons passé la commande. Car, oui, nous avons été lâchés par le gouvernement et c’est un ancien militaire qui le dit ». Militaire qui n’a pas digéré que la Belgique détruise ses stocks.

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